Lorsque l’éruption se produit au fond des océans, la pression hydrostatique exercée par la colonne d’eau est extrêmement forte. Les gaz restent dissous et la lave s’épanche tranquillement sur le fond de la mer. Aucune explosion ne peut se produire dans de telles conditions. L’écoulement de lave à 1 000 °C sur le fond de la mer, où l’eau ne dépasse pas 2 °C, aussi étrange qu’il paraisse, est une réalité : elle a été observée et même filmée. Plus des trois quarts des laves produites chaque année sur Terre se mettent en place au fond des océans et ces activités nous sont presque toujours invisibles. Là, dans le secret des profondeurs, naissent des morphologies particulières. Les laves prennent la forme de coussins : on les appelle « pillow-lavas ». À l’inverse, lorsque le volcan naît en mer à faible profondeur, le contact de la lave et de l’eau provoque de violentes explosions. La roche en fusion est brusquement «trempée» (au sens où l’on trempe de l’acier) et donne naissance à des fragments vitreux qui s’accumulent sous forme de brèches particulières, appelées hyaloclastites.
Si l’activité volcanique se poursuit, le volcan en cours de construction finit par émerger. Dès que le magma n’est plus en contact avec l’eau de mer, le dynamisme change radicalement. Dans le cas de magmas basaltiques, l’activité est alors beaucoup moins explosive et devient hawaiienne ou strombolienne. L’évolution du volcan s’effectue alors comme sur la terre ferme.
Il existe également des volcans emprisonnés sous des glaciers ; c’est notamment le cas en Islande. Lors des éruptions, la glace fond partiellement, et les éruptions se déroulent selon les mêmes modalités qu’en présence d’eau liquide. En outre, la fusion d’énormes volumes de glace peut provoquer la formation de débâcles glaciaires (en islandais, « jökulhlaups ») à la périphérie du glacier : d’immenses fleuves de boue, charriant d’énormes blocs de roche et de glace, déferlent sur la région avoisinante, entraînant tout sur leur passage.
Les volcans sous-glaciaires présentent une morphologie particulière. Dans les régions où les glaciers ont disparu, ils peuvent être étudiés. Les montagnes « en table » d’Islande en sont des exemples typiques. On identifie des pillow-lavas à la base, puis des accumulations de brèches de hyaloclastites, éventuellement la mise en place d’un petit volcan aérien si l’accumulation de matériaux finit par dépasser le niveau de l’ancienne calotte glaciaire aujourd’hui disparue.